photo : David Burty 2008 |
Revenir en chaque point qui a couvert le ventre de souffrances en marge de ce qui devait être nous. Revenir. Aboutir. Finir. Vers ce vide que rien ne comble. A mi-chemin entre le trouble et toi. Un paysage couvert de poussière où nus ils ravalent. Que n'est-il hors de porté le moment de repos, hors de cette pauvreté tant voulue tant éloignée que je rejette par le bleu en même temps qu'elle me cloue. Mais aurait-il fallu qu'une fois de plus, à moins que, mais non, je reprends, n'aurait-il fallu que l'adresse se fasse ? Un mot, un mot suffisant, un mot apaisant. La voix, qu'elle s'arrête, dise non, juste un instant, que la négation s'affirme et puise les eaux d'un répit certain. Essorée entre les bras, une paupière en guise de voile, une voile que l'on dresse pour échapper à la surface du regard. La nuit s'abaisse parmi les corps efflorescents, et soudain lorsqu'une bouche exhale : elle pleure en noir, en nuit, en chairs que parsèment des tremblements. Et le goût de la terre, le manque d'air. Une agonie longue, lente, non longue et lente comme une larme qui glisserait sur le manche d'une lame. Parce qu'il est nécessaire de disparaître, parce qu'il est fondamental de se gommer, d'un présent que ne sanctionne pas notre raison, j'abîme.
photo : Joanny R. 2010 |
L'exil, plaque renversée du monde, que j'accroche à nos ceintures pour partir à la recherche du monde qui semblable à une plaque renversée dérive. Plaque renversée du monde, à l'impossibilité de survivre à la grande marée, au débordement, au sourire. Et pourtant revenir, tenter encore une fois, quitte ou double, de vivre. Pour se chamailler avec la vie. Sortir de terre, de son errance. Planter la tente. Nous aurions souhaité en tant que race voir la clémence faire autre chose que se faner. Aussi, tu renies la force, la condamnation, ta mère. Les soupirs qu'ils t'arrachent pendant les heures perdues, alors que les solutions s'envolent à tir d'elles. Ne subsisteront que la bile et... je ne sais pas.
photo : Joanny R. 2010 |
Je veux la poitrine, le lait, l'amertume et les nausées. Je. Chiens. Une horde à aboyer. SILENCE. Dehors les chiens. Dehors. Abandonnez-le en sa demeure. Jetez la clef au lit des rivières. Et la regarder voyager à blanc, l'écouter fredonner dans le cliquetis, la frêle, la douce, mélancolie que roulent les vagues, là, oui, là où nul ne s'est mis debout baigné de lumière - sous l'œil dont la fureur perle sans fin.
David Burty, Lyon, hiver 2004
Ce texte a été publié dans Mode d'Usure, fascicule auto-produit dans le cadre de l'exposition R(é)bu(t)s mais corrigé (Galerie Dune, Lyon 7°). Il constitue une approche poétique et visionnaire du projet artistique de Cyril Rouge, qu'il met en perspectives à bien des niveaux. Il a la justesse de l'amitié. En filigrane on retrouvera des références à T.S. Eliot (The Waste Land) et à Joseph Conrad (The Heart of Darkness).
photographie David Burty @ Golemfactory 2008 |
David Burty est né un jour. Il a grandi à Lyon, dans le quartier de la Croix-Rousse. Son père était de France, sa mère d'Indochine. Ceinture noire, la vingtaine, il faisait partie de l'équipe de France de Karaté.
Il est allé vivre à New-York, après des études de lettres, et quelques expériences littéraires. Il devait y rester six mois. Il passa deux ans là-bas, travaillant parfois sur des chantiers en compagnie de poètes mexicains qui devinrent ses amis.
Sur le site de la revue littéraire le Fram, figure la notice biographique suivante :
Il est cité par Frédéric-Yves J. dans Charité (Éd. Flammarion, 2000), où un paragraphe relate brièvement la rencontre de l'écrivain avec le "jeune poète David Burty" dans les jardins de la Sorbonne.
David Burty, né à la Croix-Rousse en 1977, est instructeur de karaté-do shotokan dans une église du Bronx. Vit à New York. N’a jamais publié. Textes dans la Revue Le Fram : N°. 5
Il est cité par Frédéric-Yves J. dans Charité (Éd. Flammarion, 2000), où un paragraphe relate brièvement la rencontre de l'écrivain avec le "jeune poète David Burty" dans les jardins de la Sorbonne.
Rouge père et fils - photo David B. 2006 |
De retour en France via la Crète, il reprend des études, de Langue Anglaise cette fois, à l'Université Lumière - Lyon 2. Il travaille également dans une librairie. Il y rencontre Nicolas N. qui le présente à son cercle d'amis. Il fait la connaissance de Frédéric B. et de Cyril R. dont il accompagnera plusieurs expositions.
En 2004, à la galerie Dune (Lyon) il déchire des livres pour l'installation R(e)bu(t)s mais corrigé. Il rédige un texte (reproduit ci-dessus) pour le fascicule Mode d'Usure - une compilation de textes relatifs à ce qui est en passe de devenir le projet Golemfabrik.
photo Cyril R. d'après David B. - Fly's Escape - Boussens 2008 |
Pendant la durée de l'exposition chez Dune, il fait la rencontre de l'artiste Franck F. dont il devient l'ami. Franck lui présente l'écrivain Jean-Marie G., enseignant à l'E.N.S.
Durant l'été 2004, David B. participe à l'exposition Nevermore, à la M.A.C. de Pérouges. Il y réside une semaine et aide à la préparation de la soirée de finissage. A cette occasion, il récite plusieurs de ces textes et une traduction de T.S. Eliot, The Hollow Men, titre qu'il restitue par "Les Hommes creux". Pendu (mais épargné de la strangulation par un discret baudrier) sur la place de la Mairie dans la cité médiévale, il déclame un poème de François Villon (La Ballade des pendus).
photo : Cyril R. 2004 |
En 2005 il prête sa voix au projet Innocenz (Atelier de l'image NEGPOS, Nîmes, sur une proposition de Johann D.). Il récite un texte de I. Asimov, concernant une relation d'amitié entre une enfant et un robot.
En 2007, il ne vient pas rejoindre Golemfabrik à Berlin, sur l'exposition Ik Hab' Landschmerz, comme il en était fortement question. En revanche, c'est lui qui accueille Cyril à son retour d'Allemagne, en voiture, lors d'une étape à Lyon.
Il part en Angleterre, a Seven Oaks (près d'Oxford), comme lecteur de Français. Il y réside un an.
David Burty @ Golemfactory 2006 - photo : Cyril R. |
En Février 2008, accompagné de Joanny R., il vient aider pendant une semaine à la réalisation de Anastase Penner, le golem de Fontenilles. Au cours des sessions d'atelier, il réalise des photographies en reportage absurde, avec un grand talent. Ces images figurent notamment avec d'autres dans le document vidéo consacré à la fabrication de la commande publique.
photo : Cyril R. - David B. et Joanny R. @ Golemfactory 08 |
En Mars 2008, David B. participe au montage de l'exposition Greetings From Golemland chez Artoyz SG Lyon, en compagnie de Fen, Mélanie H., Mano M., Bérangère V.T. et quelques autres.
David Burty travaille pour la galerie de l'E.N.S. Il se rapproche de Jean-Marie G., à qui il décide de consacrer une recherche de troisième cycle.
Il part étudier et enseigner à l'Université de London, Canada, où il réside aujourd'hui encore.
photo : X - David B. @ ? - 2009 |
Il participe à des colloques universitaires, se consacre toujours à un travail d'écriture personnel. Il a pris place parmi les jeunes écrivains qui gravitent autour de Jean-Marie G., constellation dont de récentes publications rendent compte.
Il participe également au projet RUNBOOK.
Pendant l'été 2010, David B. et Cyril R. se rencontrent à Lyon, notamment pour travailler à une consolidation théorique et poétique du projet Golemfabrik, qu'ils replacent dans la perspective de l'esthétique pragmatique avec l'aide de lectures telles que celles de Dewey, Shusterman ou Cometti.
David B. devrait consacrer prochainement un article à cette expérience esthétique dont il a été de nombreuses fois l'acteur et l'accompagnateur.
Dans le courant de l'année 2009, alors que tout ne va pas très bien, il adresse à Cyril l'image et le courriel qui suivent :
David B. devrait consacrer prochainement un article à cette expérience esthétique dont il a été de nombreuses fois l'acteur et l'accompagnateur.
Dans le courant de l'année 2009, alors que tout ne va pas très bien, il adresse à Cyril l'image et le courriel qui suivent :
Autoportrait à l'état de nature - David Burty 2009 |
Aaron, douze ans, et sa soeur Alexandra, dix ans, suivent des cours de français avec moi. A la fin du cours, ce mercredi, tous deux vont vers mon bureau, attirés par Billy Bronze (Art Toy signé Sam Flores que j'ai offert à David) - et les figurines du garçon accompagné de son chien (deux figurines Golemfabrik, d'autres cadeaux). Alex regarde Billy Bronze et remarque: "C'est chouette." Puis, elle s'empare du garçon, mais là, la remarque est différente, c'est-à-dire inarticulée: "Ouaaa!" A ce moment, Aaron dit: "Attends, tu n'as encore rien vu!" et il lui montre le chien. Je lui dit que je connais l'artiste, que c'est un de mes amis. Aaron hoche de la tête avant de déclarer: "En tout cas, il a du talent." Je souris, et je réponds que oui, que cet ami a beaucoup de talent.
David B. et Cyril R. @ Golemland 2006 - photo Fredéric B. |